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Impacts de la crise de la COVID-19 sur les activités des firmes d’architecture : les services se poursuivent malgré les difficultés

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26/03/2020

Afin de mieux comprendre les conséquences des dernières directives gouvernementales sur les firmes d’architecture, notamment celle de fermer les entreprises et les chantiers jusqu’au 13 avril, l’AAPPQ a invité ses bureaux membres à répondre à un court sondage : plus de 100 firmes de toutes tailles y ont répondu : voici les principaux enseignements, en date du 26 mars.

 

Une continuité de services assurée, mais affectée

Q1

Près de 45 % des firmes répondantes estiment pouvoir offrir un niveau de service supérieur à 80 % à leurs clients (par rapport à avant la crise). Parmi celles-ci, notons que seulement 8 % pensent qu’elles seront en mesure d’offrir le même niveau de service (100 %).

Plus de 36 % des répondants pensent pouvoir être entre 60 % et 80 % de leur capacité, tandis que près de 20 % estiment pouvoir fonctionner à moins de 60 % de leur capacité.

 

Q2

Quand nous analysons les raisons pour lesquelles leur capacité d’offrir le même niveau de service est affectée, il est intéressant de noter que ce sont principalement des facteurs sur lesquels les firmes ont peu de maîtrise : plus d’un tiers des répondants évoquent l’indisponibilité des collaborateurs dans les projets (clients, consultants, entrepreneurs, etc.), faisant référence à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement (supply chain) qui est impactée et qui est primordiale dans le travail de coordination de l’architecte. Par ailleurs, plus d’un quart des répondants attribuent au manque de ressources humaines cette perte de productivité, notamment avec la difficulté de travailler à distance quand on doit s’occuper des enfants.

Notons que moins de 15 % des répondants attribuent leurs difficultés de maintenir leurs services à des enjeux technologiques, le fonctionnement en télétravail pouvant dans la très grande majorité des cas s’effectuer.

 

Q3

 

Concernant les activités impactées, notons que ce sont les rencontres de coordination qui, pour plus d’un quart des réponses données, sont les plus touchées. Si ce résultat n’est pas étonnant, car les rencontres de chantiers entrent dans cette catégorie, il est important de noter que la production de plans et devis est aussi touchée, pour plus de 20 % des firmes. En effet, même s’il est possible de faire ces tâches à distance, les firmes considèrent que leur productivité n’est pas maximale : nous pouvons notamment expliquer cette réponse par les conséquences de la crise sur la disponibilité des ressources humaines.

La troisième activité touchée concerne le développement des affaires : plus de 18 % des firmes estiment que l’élaboration des offres de services et les réponses aux appels d’offres sont affectées; nous allons développer ce point plus bas.

 

Projets annulés ou reportés, appels d’offres : les incertitudes des semaines à venir

Q4

 

Depuis le début de la crise, plus de 64 % des répondants ont été informés que des projets en cours ou prévus étaient reportés, alors que plus de 19 % ont été avisés que des projets étaient simplement annulés. Si parmi les projets suspendus, nous pouvons considérer que la fermeture des chantiers est la principale raison, il est important de remarquer que le contexte d’incertitude pousse les clients à prendre la décision plus radicale d’annuler les projets.

Parmi les projets reportés ou annulés, notons que ce sont principalement les projets privés qui sont concernés. En effet, seulement 19,5 % des projets suspendus ou annulés étaient uniquement des projets publics.

Cette tendance reflète les échanges qu’a l’AAPPQ avec les principaux donneurs d’ordre publics, qui affirment leur volonté de poursuivre les projets en cours (à l’exclusion des chantiers), à l’instar de la SQI qui compte d’ailleurs sur les professionnels et plus précisément les architectes pour poursuivre les projets qui sont aux étapes de planification et de conception (lien vers la nouvelle).

Concernant les appels d’offres, les principaux donneurs d’ordre publics (SQI, Ministères de la Santé et des Services sociaux et de l'Éducation, etc.) nous ont confirmé leur volonté de poursuivre les appels d’offres en cours ou planifiés pour les services d’architecture, dans la mesure du possible. Il est toutefois probable que jusqu’au 13 avril, les appels d’offres pour services d’architecture soient plus limités. Il est à noter également que les services du BSDQ sont interrompus jusqu’au 13 avril.

 

Des problèmes de liquidités si la crise se poursuit

Q5

Si à très court terme la grande majorité des firmes d’architecture semblent être en capacité d’absorber financièrement les conséquences de la crise de la COVID-19, nous constatons que près de 27 % des répondants prévoient avoir des problèmes de liquidités d’ici 3 à 5 semaines, et près de 29 % d’ici 6 à 11 semaines. Pour plus du quart des répondants, des problèmes de liquidités pourraient survenir au-delà de 3 mois.

Si nous analysons les résultats en fonction de la taille de la firme (de 1 à 2 personnes à plus de 50 personnes), nous constatons que les problèmes de liquidités à court et moyen terme touchent toutes les firmes. Néanmoins, nous pouvons constater quelques tendances :

  • Les très petites firmes (1 à 2 personnes) semblent moins affectées par des problèmes de liquidités à très court terme : 82 % de ces firmes ne prévoient par de problème de liquidités avant 3 mois. Nous pouvons expliquer ce résultat par le fait que ces entreprises ont moins de charges fixes que les entreprises plus grandes.
  • Les firmes qui semblent le plus touchées par les problèmes de liquidités à court terme sont celles entre 3 et 19 personnes : 47 % des firmes de 3 à 9 personnes prévoient avoir des problèmes de liquidités d’ici 3 à 5 semaines et 36 % des firmes de 10 à 19 personnes.
  • Les plus grandes entreprises - de plus de 50 personnes - pourraient être confrontées assez rapidement à des problèmes de liquidités : 28 % estiment cet enjeu à 3 à 5 semaines et 28 % d’ici 6 à 11 semaines.

 

Beaucoup d’incertitudes demeurent dans le contexte actuel, mais ces enjeux de liquidités démontrent la fragilité de beaucoup de firmes d’architecture -qui sont toutes des PME - à affronter une crise qui pourrait perdurer à moyen terme. L’AAPPQ, dans les prochains jours, va multiplier les représentations auprès notamment du Ministère de l’économie, des donneurs d‘ordre publics (ministères et organismes et municipalités) du Conseil du patronat, etc., pour qu’au-delà des chantiers, les projets puissent se poursuivre, les firmes d’architecture étant dans la très grande majorité des cas capables d’offrir leurs services à distance. Continuité des appels d’offres, réduction des délais de paiement des factures, maintien des services de délivrance des permis et des CCU en vidéoconférence dans les municipalités, possibilités de subventions salariales, etc. seront notamment des positions que nous allons défendre.

L’AAPPQ accompagnera aussi ses membres pour les orienter vers les bonnes ressources en cas de problèmes de liquidités. Déjà, des mesures sont en place pour les employeurs et l’OAQ et le Fonds des architectes ont annoncé des mesures de flexibilité pour le paiement des cotisations et des primes. Vous pouvez consulter le guide de survie en cliquant ici.

Si certaines firmes d’architecture connaissent déjà des problèmes de liquidités, nous les invitons à contacter leur comptable et leur conseiller financier pour étudier les options qui s’offrent à elles.